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Othman Nasrou au JDD : «La lutte contre le séparatisme reste largement insuffisante»

  • Photo du rédacteur: Le JDD
    Le JDD
  • 19 janv.
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 7 juil.

RADICALISATION. Face à la menace islamiste qui progresse, l’ancien ministre de la Citoyenneté alerte sur l’urgence de lutter contre le séparatisme.


Le JDD. Vous avez quitté le ministère de la Citoyenneté. Que retenez-vous de votre passage à Beauvau ?


Je dis les choses sans détour: la situation est extrêmement préoccupante en matière d'ordre, de sécurité, d'intégration et de lutte contre le séparatisme. A Beauvau, j'ai vu combien le désordre et l'ultraviolence progressaient. Certains responsables politiques de gauche semblent évoluer dans une réalité parallèle. J'ai aussi constaté qu'une administration compétente, épaulée par des forces de l'ordre investies, peut relever ces défis.


Avec Bruno Retailleau, j'ai appris lignes. Sur l'intégration, il a fallu trancher sur des sujets sensibles, comme la maîtrise du français et l'adhésion aux valeurs républicaines. Nous avons renforcé les exigences et tenu bon malgré les résistances.


Vous avez évoqué un « risque largement sous-estimé » sur la INTERVIEW question du séparatisme. Pouvez-vous nous expliquer ce qui vous conduit à cette conclusion ?


Depuis dix ans, un travail considérable a été accompli sur le terrorisme, avec des services de renseignement performants grâce à des moyens renforcés. Pourtant, la lutte contre le séparatisme reste largement insuffisante. Seul le passage à l'acte violent, c'est-à-dire le terrorisme, bénéficie du niveau de vigilance nécessaire. En revanche, les phénomènes qui le nourrissent radicalisation, entrisme, diffusion des thèses islamistes ne sont pas suffisamment combattus. Nous manquons d'outils adaptés et d'une doctrine claire et stabilisée.


De nombreux acteurs sous-estiment encore la progression de cette menace. La société française doit prendre conscience de l'urgence : une véritable bataille culturelle, éducative et idéologique est à mener.


Pouvez-vous donner des exemples concrets des dérives que vous avez constatées dans certains quartiers ou institutions ?


La radicalisation islamiste touche des adolescents de plus en plus jeunes, des 13 ou 14 ans, suivis non seulement par les renseignements territoriaux mais aussi par l'anti-terrorisme, car susceptibles de passer à l'acte. Certains signalements proviennent de départements considérés comme paisibles, ce qui est alarmant. De nombreuses enquêtes montrent aussi une progression inquiétante des thèses de rupture avec le modèle républicain chez les jeunes générations.


A l'école, les atteintes à la laïcité ne traduisent plus seulement une incompréhension, mais une véritable rupture. Lors des commémorations des assassinats de Samuel Paty et de Dominique Bernard, des parents ont même organisé le retrait de leurs enfants. Bien que ces phénomènes touchent tout le pays, certains territoires atteignent un point critique. Avec le ministre de l'Intérieur, nous avons mené des opérations ciblées pour démanteler des réseaux associatifs alimentant le séparatisme. Nos préfets restent très attentifs à ces zones sensibles.


« Une bataille éducative et idéologique est à mener. »

La loi contre le séparatisme avait pour objectif de répondre à ces défis. Selon vous, est-elle efficace ?


Cette loi représente un pas dans la bonne direction, mais elle est insuffisante. Nous avions lancé son évaluation pour combler les lacunes, notamment en matière de police administrative, et renforcer la défense des valeurs de la République. Cela est d'autant plus crucial que le séparatisme continue de progresser et d'évoluer. Aujourd'hui, des incidents surviennent lors des remises de brevet ou des cérémonies de naturalisation. Il reste beaucoup à faire pour lutter contre les atteintes à la laïcité, non seulement à l'école, mais aussi à l'hôpital, et pour mieux protéger nos agents en première ligne. Les chefs d'entreprises partagent aussi ces préoccupations.


PROPOS RECUEILLIS PAR

JULES TORRES

 
 
 

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