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Othman Nasrou : « Il y a une montée de la radicalisation et de l’antisémitisme chez les plus jeunes »

Une « chasse aux juifs » dans les rues d’Amsterdam, le nombre d’incidents racistes ou antisémites qui explosent en France, un match de foot sous la protection de 4 000 forces de l’ordre… Le jeune secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur, chargé de la citoyenneté et de la lutte contre les discriminations, Othman Nasrou, se retrouve au cœur des tensions qui agitent notre pays.


Le match France-Israël s’est dans l’ensemble bien passé. Êtes-vous

soulagé ?


Il était important que ce match puisse se tenir et que nous démontrions que la France et la République ne cèdent pas face aux fauteurs de troubles. L’ordre public doit être assuré quelles que soient les circonstances. De ce point de vue-là, la mobilisation de nos forces de l’ordre a été exemplaire.


Le gouvernement en a-t-il trop fait ? Pour beaucoup de spectateurs, ce match était « triste »


On n’en fait jamais trop s’agissant de la sécurité de nos concitoyens. Ce match était évidemment un match sensible. Bruno Retailleau a eu raison de tout mettre en œuvre pour que le match puisse se tenir là où il était prévu et sans incident majeur.


Affluence de personnalités politiques de premier plan. Cela traduit-il une forme de fébrilité devant l’explosion de propos et d’actes antisémites et racistes ?


Au contraire. Cela démontre surtout qu’il y a un front uni et large, au- delà des clivages partisans, pour dire non. Non d’abord à la montée de l’antisémitisme : je vous rappelle que nous avons eu une multiplication par quatre des actes antisémites dans notre pays depuis un peu plus d’un an. La présence de toutes ces personnalités permet d’afficher notre fermeté et dire que nous ne reculerons pas. Ce n’est pas seulement de l’affichage, c’est la feuille de route fixée par le Premier Ministre, Michel Barnier.


D’après les chiffres que vous avez révélés la semaine dernière, les jeunes sont trois fois plus nombreux à croire et à diffuser des thèses négationnistes. Pourquoi à votre avis ?


Il y a une montée de la radicalisation et de l’antisémitisme chez les plus jeunes. Cela s’explique notamment par les outils de désinformation massive que sont devenus les réseaux sociaux. Cela s’explique aussi par la bataille culturelle qui nous est livrée par un certain nombre d’idéologies, par la complaisance d’élus qui ont une audience auprès des jeunes et banalisent eux-mêmes l’antisémitisme. Nous avons besoin aujourd’hui de ré-expliquer, de défendre l’universalisme républicain qui est aujourd’hui violemment attaqué. C’est une bataille essentielle pour nous.


« Nous avons besoin aujourd’hui de ré-expliquer, de défendre l’universalisme républicain qui est aujourd’hui violemment attaqué. »

Vous reprochez à certains élus, pour reprendre vos propres termes, de pratiquer un « antisémitisme politique ». Que voulez-vous dire ?


Je constate que c’est la première fois, depuis très longtemps, que nous avons une députée de la République qui justifie que l’on agresse physiquement des gens sur le sol européen en raison de leur confession. C’est du jamais vu et cela crée un précédent extrêmement grave. Ces propos ont d’ailleurs, et c’est normal, fait l’objet d’un signalement du ministre de l’Intérieur à la justice. Que des élus de premier plan, qui doivent représenter nos concitoyens dans toute leur diversité, banalisent l’antisémitisme doit nous inquiéter. Ceux qui ont choisi d’attiser les haines tournent en réalité le dos à la République.


Pourquoi ces idées ont-elles progressé ?


Nous n’avons pas toujours pris la mesure de ces phénomènes qui menacent la cohésion de notre pays. Je pense aussi que nous n’avons pas toujours eu le courage de les dénoncer. Nous devons faire le choix entre deux orientations. Soit défendre la République universaliste qui considère ses citoyens indépendamment de leur religion, de leur couleur de peau, de leur origine. Des citoyens égaux en droits et en devoirs. Soit nous cédons à ceux qui veulent enfermer chacun dans son assignation à résidence identitaire ou ceux qui veulent que l’on revendique l’appartenance à une communauté. Avec comme corollaire l’affrontement programmé des uns contre les autres. Le choix qui se présente à nous est crucial.


PROPOS RECUEILLIS

PAR VALÉRIE NATAF

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