Othman Nasrou, secrétaire général des LR, partisan de la «fierté française» comme antidote aux fractures du pays
- Le Figaro

- 16 juin
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Dernière mise à jour : 7 juil.
PORTRAIT - Nommé par Bruno Retailleau pour assurer la refondation du mouvement LR, l’élu régional est passé récemment par la case Beauvau où il fut secrétaire d’État chargé des combats contre le communautarisme auprès du ministre de l’Intérieur, durant trois mois. Ce n’était pas un hasard.
« La politique est une affaire de circonstances. Ce fut un immense honneur, auquel je ne m’attendais pas. » Juste avant d’être nommé secrétaire général des Républicains, Othman Nasrou avait rejoint le gouvernement de Michel Barnier, au poste de secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau. C’était le 21 septembre dernier. Et malgré la brièveté de la mission interrompue par une censure, le jeune élu des Yvelines a eu le temps d’apprécier cette responsabilité, à la hauteur des urgences d’un pays sous tension. Une entrée au cœur du pouvoir régalien offerte à un acteur politique de 37 ans, lucide et néanmoins surpris par la gravité de la situation du pays.
Quelques jours avant la mort d’une surveillante de collège poignardée par un adolescent de 14 ans, mardi 10 juin, Othman Nasrou confiait au Figaro : « Avant de rejoindre Beauvau, je pensais déjà que la France était à la croisée des chemins, mais il est vrai qu’à ce poste, j’ai compris à quel point c’était vrai, à quel point des adolescents étaient susceptibles de passer à l’acte. »
Pour cet étudiant marocain, naturalisé Français en 2012, les premiers engagements politiques dans les Yvelines étaient le fruit d’une conviction, pas du hasard. Il a fait ses études préparatoires au lycée privé Sainte-Geneviève à Versailles puis sur les bancs de HEC, l’école de commerce voisine de Jouy-en-Josas. Le même parcours que celui de Valérie Pécresse, la présidente de la région Île-de-France qui fut la première à lui mettre le pied à l’étrier, après un échange sur le campus jovacien.
Déclencheur
Si Othman Nasrou décide de s’investir dans la vie politique à Trappes, banlieue multiculturelle des Yvelines, c’est parce qu’il a eu l’impression qu’une « tragédie française » s’y dessinait. « Depuis le départ, j’avais eu le sentiment que quelque chose de fondamental allait se jouer pour la France sur ces questions. »
« Peu de pays dans le monde sont capables de vous offrir cette fierté de se sentir Français. Je ne peux pas laisser dire que la France est un pays structurellement raciste. »
Le ressenti est celui d’un enfant né à Casablanca au Maroc, au cœur d’une famille francophile de classe moyenne. Un père professeur de littérature arabe dans un lycée et une mère cadre dans une compagnie aérienne. Son unique grande sœur est installée en Suède. Othman Nasrou était un bon élève, passionné d’informatique et de programmation. « J’ai débuté dans le primaire marocain puis j’ai rejoint un collège français. On croyait aussi au modèle de la méritocratie républicaine. C’est pour cela que j’ai poursuivi mes études en France pour intégrer HEC à la 11e place. » Formé chez les Jésuites, l’élu se réjouit d’avoir pu croiser son éducation avec d’autres valeurs, catholiques notamment. Il s’est senti « naturellement français », bien avant d’avoir obtenu les documents administratifs attestant de sa deuxième nationalité.
« Fierté d’être Français »
Il est arrivé en France en 2005 à l’âge de 18 ans. « Peu de pays dans le monde sont capables de vous offrir cette fierté de se sentir Français. Je ne peux pas laisser dire que la France est un pays structurellement raciste. Je ne le crois pas. » Même avec des origines marocaines, tenir ce type de discours dans une ville comme Trappes, cela vous expose à certains dangers. D’ailleurs, Othman Nasrou, marié et père d’un enfant, a décidé de fuir la cité de ses premières joutes politiques à cause des menaces.
« Certains élus locaux portent une responsabilité très lourde, ce sont eux qui font reculer la République. »
Il a démissionné du conseil municipal en 2024 mais localement, soutenu par Valérie Pécresse, il n’est pas passé très loin d’une victoire. Il lui manquait seulement 120 voix en 2020 pour transformer l’essai, après six années d’opposition dans une ville historiquement à gauche, gangrenée par l’entrisme islamiste. « On voit des personnes d’obédience politico-religieuse tenir des quartiers entiers et des élus pactiser avec eux par clientélisme politique. Pour moi, ce sont des criminels. Certains élus locaux portent une responsabilité très lourde, ce sont eux qui font reculer la République », s’emporte l’élu. Selon lui, il est possible de décrocher la mairie de Trappes avec 3000 voix alors que la ville compte 33.000 habitants. Autrement dit, une liste apte à mobiliser un vote identitaire peut émerger. « Il est vrai que l’inquiétude est grande à l’approche des municipales. Nous avons eu une réflexion avec le ministre Retailleau sur ce sujet », note-t-il.
Pas de «tambouilles» aux municipales
Dans son département des Yvelines, où 6000 adhérents LR sont enregistrés, on parle d’ententes locales avec la macronie, mais le président de fédération s’engage à contrer tout accord systématique. « Nous avons besoin de clarté, pas de confusion », met en garde l’élu. Il se dit prêt à dénoncer autant le « racisme » que le discours « anticolonialiste » d’une idéologie de gauche qui le révulse. « Le vrai racisme, je ne l’ai jamais ressenti que de la part de ces gens-là. Ce sont eux qui me renvoient systématiquement à mes origines. » Il propose d’opposer l’« héritage lumineux » de la France au « fonds de commerce des activistes de la communautarisation ».
Le jeune homme, qui a enterré sa vie de garçon à Colombey-les- Deux-Églises, invite sa famille politique à mener une « bataille culturelle » pour réparer un pays abîmé par les fractures. Othman Nasrou n’a pas l’intention de changer de prénom, ni de renier son pays de naissance. Au fond, il parle d’une solution immatérielle. C’est sa conclusion : « La fierté française est l’antidote mais il faudrait d’abord reconnaître qu’il y a quelque chose à défendre et un héritage à transmettre car nous ne partons pas d’une page blanche. Si vous ne considérez pas la langue, le patrimoine et la culture comme des éléments à transmettre, vous ne pouvez pas accueillir. Ne rien avoir à défendre, c’est laisser un grand vide. »
Entretien à retrouver sur le site du Figaro : https://www.lefigaro.fr/politique/othman-nasrou-secretaire-general-des-lr-partisan-de-la-fierte-francaise-comme-antidote-aux-fractures-du-pays-20250617
PAR EMMANUEL GALIERO







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