« Ne soyons pas naïfs : il faut ouvrir les yeux sur la perte de vitesse de la droite républicaine. Car oui, l’échec du Président n’est pas notre victoire », écrit l'élu francilien
En cette année célébrant les 400 ans de la naissance de Molière, les écoliers français ont certainement pu redécouvrir avec bonheur les grands textes de l’auteur du Malade imaginaire. Il est un personnage qu’il n’a pas eu l’occasion d’inventer mais qui s’est imposé depuis cinq ans dans le paysage politique français : celui du Médecin imaginaire. Alors que partout on constate que le pays est malade, le président de la République continue à prescrire de supposés remèdes miracles à coups de grande consultation citoyenne ou de Conseil national de la refondation.
Et pourtant, celui qui disait en 2017 vouloir guérir les angoisses des jeunes les a éloignés des urnes ou poussés vers les extrêmes. Celui qui voulait réconcilier notre pays n’a fait que diviser profondément les Français, sur tous les sujets. Comme ce médecin qui interprète si mal les symptômes qu’il finit par attiser la maladie.
A mille lieues de la réalité, la réélection d’Emmanuel Macron a été relue par son camp comme un « vote d’adhésion», ignorant les scores écrasants d’une Marine le Pen ou d’un Jean-Luc Mélenchon en pleine ascension. Ce résultat n’est pourtant que le dernier acte d’un divorce consommé entre le gouvernement et les Français, dont on pouvait voir des signes dès 2018 dans l’ampleur du mouvement des Gilets jaunes ou dans l’arrogance d’un pouvoir qui déguise ses fautes en erreurs de communication ou de « pédagogie ».
C’est d’ailleurs ce même parti qui, avec un cynisme complet, appelle aujourd’hui au dialogue après avoir accepté seulement 2% de nos amendements et rejeté, sans discussion, des réformes de bon sens. Ce blocage politique qui épuise aujourd’hui les Français, c’est la majorité présidentielle qui l’a entretenu pendant tout le dernier quinquennat.
Désamour. Mais ne soyons pas naïfs : il faut ouvrir les yeux sur la perte de vitesse de la droite républicaine. Car oui, l’échec du Président n’est pas notre victoire. Loin de là ! Dans son histoire, jamais la droite n’a compté aussi peu de députés à l’Assemblée nationale. Aujourd’hui, la droite républicaine ne convainc plus les Français.
Parmi les causes de ce désamour, il faut sans doute relever le manque de renouvellement idéologique et le manque de courage quand il s’agit de faire le bilan des dernières décennies. Les résultats des dernières élections témoignent que la droite de gouvernement ne propose rien qui séduise les Français, dont la majorité n’est pas plus convaincue par l’immobilisme du gouvernement ou par le populisme. Enfermés dans un passé glorifié, nous avons usé jusqu’à la corde les mêmes idées. Il est temps d’ouvrir une nouvelle ère.
Parce que j’en suis persuadé : la droite républicaine a encore un rôle majeur à jouer. Fermement ancrés dans l’opposition, nous devons continuer à porter haut et fort nos idées. D’ailleurs, le pays compte toujours sept régions à droite, 146 sénateurs LR ou apparentés et 249 maires de grandes villes de droite. C’est le signe qu’il existe une voie entre le populisme et l’immobilisme. A nous de porter cette voix sans « fourberies » ni querelles intestines.
Mais alors que la macronie, tel Don Juan, a dragué tantôt à droite, tantôt à gauche, pour finalement ne construire aucune relation durable avec les Français, la droite à laquelle j’appartiens a le devoir, au contraire, de réconcilier les Français, consolider la relation de confiance qui doit exister entre le peuple et ses représentants. Pour cela, nous devons redevenir la droite que nous n’aurions jamais dû cesser d’être : une droite puissante qui a le courage de dire ce dont souffre le pays et qui redonne, en même temps, du pouvoir et du sens au choix politique du peuple sans se cacher derrière des considérations technocratiques ou juridiques.
Pour commencer, nous devons donc réinvestir sans rougir les questions qui ont trait à l’identité française, la laïcité, la défense d’une culture commune dont nous sommes d’abord les héritiers. L’insécurité culturelle est un enjeu qui a massivement poussé les Français dans les bras de partis qui en parlaient sans se cacher derrière la sémantique des valeurs. Quand l’actuel gouvernement refuse l’entrée de Molière au Panthéon sous prétexte qu’il serait « de l’ancien régime », comme à chaque fois que l’on déboulonne une statue au motif qu’il représenterait un ordre supposément nauséabond, c’est un coup de plus que l’on porte à la fierté d’être Français. Notre République et notre Nation sont le fruit d’une histoire et d’une mémoire que nous n’avons pas le droit de brader – ni de laisser en pâture à une idéologie internationale uniformisante.
La droite doit aussi être très claire sur le régalien car l’insécurité n’est pas un fantasme, malgré ce qu’en dit le garde des Sceaux. Elle doit n’avoir de cesse de protéger les Français en réarmant la police, la justice et l’école, ce puissant levier d’assimilation sociale. Tant qu’un président se déclarera « contre la légitime défense » ou qu’un ministre glosera sur le caractère structurel de la violence dans la police, les délinquants continueront à faire leur loi et à recruter des jeunes en mal d’avenir. Sans parler des fondamentalismes qui pullulent à chaque fois que la République recule et renonce.
Paraoxe. Enfin, pour n’aborder que les sujets les plus brûlants : nous ne pouvons pas continuer à être le dernier Etat socialiste d’Europe. Laisser s’installer l’idée que c’est l’ultralibéralisme qui triomphe dans notre pays est aux antipodes de ce dont nous avons l’expérience. Avec près de 60% du PIB de dépenses publiques, un « quoi qu’il en coûte » financé exclusivement par la dette et sans aucune réforme structurelle, la question de la dépense publique et de son efficacité est absolument centrale.
Il semble qu’il incombe à la droite de dénoncer ce paradoxe : les dépenses publiques ne font qu’augmenter alors que les services publics ne cessent de se dégrader. Bref, l’Etat est omniprésent et pourtant impuissant sur bien des sujets majeurs, de la sécurité à la santé, il subventionne les Français à coups de chèques mais les matraque d’impôts et de charges. Cet Etat est devenu un Etat nounou qui biberonne les Français à la dépense mais ne leur offre plus la possibilité de gagner décemment leur vie par eux-mêmes. Voilà quelques-uns des thèmes chers à la droite que nous devrons porter en premier lieu dans le débat public.
Il est cette autre pièce de Jean-Baptiste Poquelin, assez confidentielle il est vrai, au titre plaisant : L’Amour Médecin. C’est pour moi le seul remède aux maux de la France : celui de l’amour, de la confiance grâce à une ligne claire et des élus de terrains, à l’écoute des inquiétudes de leurs compatriotes. C’est en tout cas ainsi que je vois le renouvellement de ma famille politique, dans l’humilité et le courage de faire le bilan de ces dernières années, avec la volonté de nous mettre toujours mieux au service des Français. Sans jeunisme, en lien avec les plus expérimentés d’entre nous et toutes les femmes et les hommes de bonne volonté. Pour l’amour de la France.
Source : L'Opinion
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